Moi : Salut ! J’ai pas mal de questions
pour Toi !
Soi : « Qui ? »
Moi : Qui quoi ?
Soi : C’est la seule réponse.
Moi : Comment ça ?
Soi : Qui se pose ces
questions ?
Qui cherche des réponses ?
Qui est au centre de toutes tes
questions ?
Qui est satisfait ou insatisfait ?
En voilà
des questions intéressantes, tu trouves pas ?
Moi : En tout cas, on dirait que
ça t’intéresse, Toi ! Tu vas t’empresser de m’en dire plus, j’imagine …
Soi : Si tu me le demandes si
gentiment ! Allons-y !
Moi : Ca va faire référence à La
fameuse question « Qui suis-je », non ?
Soi : Exactement ! Sacrée
question, hein ? Tu as pu, en te posant très sincèrement cette question,
te rendre compte du Silence Vivant qui t’habitait en profondeur. Juste ?
Moi : Oui, oui … J’aurais plutôt dit « la Vie silencieuse »
mais bon …
Soi : Ca peut être la « Conscience
ronronnante » aussi !...
Moi : Ou encore « La vie
qui bourdonne », ou « La vie qui frétille », non ?
Soi : La Vie, quoi ! La
liste des noms qu’on me donne est infinie, tu t’en doutes. Malgré leur nombre,
les étiquettes sont des habits dans lesquels Je Me sens un peu étriqué. Ils ont
tendance à me boudiner, à me restreindre, à filtrer ma lumière, à atténuer mon
éclat !
D’ordinaire,
ceux qui me connaissent depuis longtemps me nomment par l’inverse, exemple :
Je serais
« Le Sans-forme » tandis que toi tu symboliserais « La
forme ». Je serais « l’Absolu » et toi « le relatif »,
« l’Essence »
et toi « l’existence ».
Bref, tous
les noms sont bons et, en même temps, aucun ne me correspond vraiment, puisque
Je suis là où les noms ne suffisent plus.
Les mots
font partie de la forme, limités par nature, aussi ne sont-ils pas en mesure de
rendre compte de ce que Je suis, illimité. Ce quelque chose qui n’a pas de
forme mais qui, pourtant, est bien là. On peut s’apercevoir de cette présence en
laissant émerger la « non-réponse » à la question « Qui
suis-je ? ». Une simple réponse silencieuse.
Tu ne
peux me contacter intimement qu’en arrêtant de chercher à me nommer. Il est impossible
de Me donner un nom sans Me travestir, ne serait-ce qu’un peu. Ceci étant dit,
Je ne suis pas contre me déguiser de temps en temps !
Moi : Je peux t’appeler
« Dieu » alors ?
Soi : Fais comme bon te
semble ! Certains le font, en effet, parfois même sans m’avoir parler en
direct ! Juste par ouï dire. Cela ouvre évidemment la porte à toutes
sortes de spéculations fallacieuses, et aux dérives qui en découlent. D’autres me
baptisent ainsi pour essayer de parler de Moi comme ils le peuvent, mais sans
être dupes du caractère limitatif des mots. Voilà l’exemple typique de nom
auquel on peut attribuer des qualificatifs, alors que Je suis «l’Inqualifiable ».
Les mots servent à décrire, aussi sont-ils impuissants face à l’indescriptible.
En vérité,
Je ne suis « que » la Vie.
Avec tout
ce que tu peux imaginer et mettre dans ce « fourre tout ».
Une
catégorie tellement vaste qu’elle englobe tout. Pas seulement l’existence vécue
entre l’instant de ta conception et ta mort, mais aussi le Principe qui anime
l’existence de toute chose, y compris de l’espace et du temps.
Je suis
l’Essence qui permet que tout existe.
Tu peux
m’appeler « Tout ».
Tu peux
aussi m’appeler « Rien », puisqu’il n’y a pas de mots qui puissent
rendre compte de ce que Je suis vraiment.
Moi : Ca va, t’arrives quand
même bien à te décrire, malgré tout !
Soi : Sûrement parce que c’est
toi qui me traduit, et que tu manies pas trop mal ta langue !
Tu peux
même m’appeler « On », puisque c’est indéfini. C’est un titre parfait
pour « l’Indéfinissable » !
Moi : J’avais plutôt l’habitude
de dire que « On est un con. » mais ça me plait encore plus.
Soi : Vu que tu peux me
retrouver partout, Je suis aussi « le con de service » que tu croises
au coin de la rue, ou à ton bureau, si t’en avais un !
Moi : Et donc, au fond, je n’ai
pas de nom, moi non plus ?
Soi : Cherche !
Moi : Comment ça ?
Soi : Cherche, maintenant, dans
le silence que tu as contacté, s’il y a une réponse à cela.
Moi : Ok.
Moi : …
Moi : …
Soi : Alors ?
Moi : Oui, j’ai trouvé !
Soi : Ah oui ? Qu’est-ce
que c’est ?
Moi : Ben … Depuis cette espace
silencieux, je n’en ai absolument rien à foutre !!! Tout me va !
Soi : Aah, bravo !!! Là, tu
laisses place à la perspective divine !
Tu vois
comme toutes les questions s’effondrent quand tu goûtes cet état ? La
majorité de celles-ci forment un bruit de fond dans ton esprit. Il semble
t’empêcher d’entendre le silence or, il n’en est rien. Tu peux y revenir
maintenant et à chaque instant, à condition que tu te souviennes qu’il est là,
derrière tout ce brouhaha. Il te suffit de faire une pause et de revenir à ton
état naturel : Moi.
Moi : Oui, je vois. C’est comme
un rendez-vous silencieux avec Toi. Je n’ai pas eu de réponses mais mon besoin
d’avoir celles-ci s’est estompé.
Soi : Ca soulage, hein ? Depuis
cet espace de paix, tu t’offres une perspective infinie sur tout ce qui te
tracassait, le rendant obsolète. Ca ne te sert plus à rien car toutes tes
projections mentales n’ont plus court à cet endroit-là. Ton besoin de savoir
est assouvi par la Connaissance directe de ce qui se passe au fond de toi. D’un
coup, tu es rassasié !
Moi : Pourtant il faut bien que
je me projette un peu pour subvenir à mes besoins vitaux ?
Soi : L’un n’empêche pas
l’autre. Tout dépend de la source des projections.
Est-ce
que c’est toi, quand tu te soucies de ce qui peut t’arriver et que, donc, tu
essaies de contrôler l’issue des évènements ?
Ou bien
s’agit-il de toi, quand tu as confiance en ta capacité de te débrouiller dans
n’importe quelle situation, parce que tu es conscient de ce que tu es en
profondeur ?
Moi : Je vois, il ne s’agit pas
d’insouciance, de naïveté, mais d’une assurance qui devrait être naturelle.
Soi : Elle l’est, naturelle.
Mais vu que tu as tendance à oublier ce simple fait, tu as passé une bonne
partie de ta vie à chercher à être rassuré. Ce faisant, tu dissimulais de plus
en plus ta joie de créer derrière le paravent de tes peurs. Ainsi Passé et
Futur ont pris le pas sur le seul moment dont tu disposes en vérité : le
Présent.
Moi : Je me souviens bien quand,
à l’école, on nous parlait de l’avenir et de ses risques, en particulier le
chômage.
Soi : Je me souviens de la
frousse qui t’envahissait en écoutant ces discours ! Evidemment, les profs
et le système scolaire ne sont pas exempts de craintes. Pour te protéger et te
rendre à même d’affronter ce monde, tes éducateurs semblent mener une guerre
contre l’insouciance.
La peur
de l’avenir était déjà bien présente, encore plus près, dans ta famille. Te
souviens-tu de ce qu’il semblait falloir faire pour mériter l’amour de tes
parents ? Comment se tenir ? Comment parler ? Quand se
taire ?
Moi : Pas vraiment, mais je me
rappelle bien les engueulades qui s’en suivait si je ne me comportais pas comme
il le fallait. Ca laisse des marques, au sens propre et au figuré.
Soi : Es-tu en paix avec
ça ?
Moi : Oui. J’ai compris, depuis,
qu’ils exprimaient beaucoup plus facilement leurs peurs que leur amour. Je ne
peux pas les blâmer d’avoir peur.
Soi : C’est beau, cette compréhension,
et ça soulage, de ne pas leur en vouloir.
Moi : Oui, je suis conscient
qu’ils ont fait ce qu’ils ont pu, avec les moyens qu’ils avaient à ces
moments-là.
Soi : Chaque être humain est, en
effet, enclin à faire tout ce qu’il fait dans un seul et unique but finalement,
être rassuré, et son entourage en fait les frais. Les peurs et les conditionnements
de chacun se retrouvent ainsi projetés dans le fonctionnement de la société et
de la civilisation mondiale.
Moi : Et on se retrouve au
milieu d’un beau bordel !!!
Soi : Où chacun tend à se sentir
en sécurité, en paix, aimé. De toutes les manières imaginables.
Moi : Oui, on voit bien que,
pour certains, l’attaque est la meilleure défense !
Soi : En cherchant dans l’avenir
ce qu’ils ne trouvent pas dans le présent … Ca ne te rappelle pas quelqu’un ?
Moi : Ben si, moi ! Si je
comprends bien, tout le monde est dans le jus parce qu’on a du mal à être
présent, consciemment ?
Soi : Eh oui, on fait la guerre
pour avoir la paix. La paix qui est déjà là, dans l’instant, mais qu’on ignore.
Moi : Sur ces belles paroles, je
te laisse jusqu’à la prochaine fois. Merci frérot ! A bientôt !
Soi : A tout de suite !!!...
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